La colonne Vendôme, emblème de pouvoir voulu par Napoléon 1er

DATES-CLES DANS L’HISTOIRE DE LA COLONNE VENDOME

Dressée en 1810, abattue en 1871 puis reconstruite en 1875

Avant 1810

Depuis 1792, le piédestal au centre de la place Vendôme est nu. Et ce n’est qu’après l’échec de différents projets sous différents régimes, que Bonaparte, Premier Consul, qui va rétablir un monument sur la Place.

De ses campagnes d’Italie, il revient avec un souvenir ému de la Colonne Trajane, un trophée de guerre auquel il a dû renoncer. Œuvre d’Apollodore de Damas, la colonne Trajane a été dressée en 112 après JC, en l’honneur de l’empereur Trajan et de ses expéditions victorieuses contre les Daces. Placée au centre du forum à Rome, elle est haute de 100 pieds et composée de 23 tambours de marbre blanc sculpté.

Le 1er octobre 1803, Bonaparte signe l’arrêté suivant :

« Il sera élevé, à Paris, au centre de la Place Vendôme, une colonne à l’instar de celle érigée à Rome en l’honneur de Trajan. La colonne sera surmontée d’un piédestal, terminé en demi-cercle, orné de feuilles d’olivier et supportant la statue pédestre de Charlemagne ».

Mais Charlemagne n’aura jamais sa statue place Vendôme : en 1804, la proclamation de l’Empire entraine une modification: on vote la substitution de Napoléon à Charlemagne !
Le 1er janvier 1806, Napoléon signe le décret de la construction.

Inauguration en 1810

Plus de 149 000 kilos de canons autrichiens et russes sont fondus, sous la direction de Vivant Denon. Les maitres d’œuvre sont Jean-Baptiste Lepère et Jacques Gondouin. Les dessins des plaques de bronze sont confiés à Pierre Bergeret. Quant à la statue de Napoléon en empereur romain, elle est dessinée par Antoine-Denis Chaudet.

L’inauguration de la colonne surmontée d’un 1er Napoléon en chlamyde romaine a lieu le 15 août 1810.

Données techniques :

  • 98 tambours de roche de Bayeux
  • 425 bas-reliefs de bronze, pesant 200 000 kilos, agrafés à la pierre
  • Un escalier à vis de 176 marches, taillé dans la masse ;
  • Hauteur : 44,17 m ; Diamètre : 3,67 m
  • Hauteur de la statue avec son socle: 3,50 m

Après l’Empire

1814 : L’empereur est considéré comme « un obstacle insurmontable à la paix », c’est la chute de l’Empire, l’annonce de la Restauration. Le 8 avril, la statue de Napoléon dans sa chlamyde romaine, est envoyée à la fonte…
La colonne est tout juste sauvée grâce à l’intervention du Tsar Alexandre (Napoléon avait interdit toute allusion aux défaites de l’armée russe sur la colonne, souhaitant une alliance avec la Russie).

1833, 2ème statue de l’Empereur, en uniforme de chasseurs de la Garde:

Le 8 avril 1831, Casimir Périer, ministre de l’intérieur de Louis-Philippe, signe l’ordonnance royale pour réinstaller un Napoléon.
C’est Charles-Marie Seurre qui sera l’artiste sculpteur et Crozatier, le maître fondeur.

Le 28 juillet 1833 a lieu l’inauguration de cette nouvelle statue (aux Invalides depuis 1911) d’un Napoléon, en jeune caporal conquérant, dans une posture familière : main droite dans le gilet, longue vue de campagne dans la main gauche, bottes à l’écuyère et petit chapeau légendaire !

1863, 3ème statue de l’Empereur, en chlamyde romaine :

Napoléon III, neveu du Premier Empereur, veut un Napoléon puissant. Il confie ce travail au sculpteur Dumont et au fondeur Victor Thiébaut.
Inaugurée sans pompe le 5 novembre 1863, une nouvelle représentation de Napoléon en Imperator romain coiffe la colonne.
La veille, on avait descendu le petit caporal…

Avec la République

1870 : les Prussiens rentrent dans Paris…

1871 : la Commune décide (le 22 avril) de détruire la Colonne. Le 16 mai, on entame une encoche à sifflet à sa base ; la Colonne s’écroule sous le regard satisfait du peintre Gustave Courbet, délégué de la Commune aux Beaux-arts, qui avait exigé sa destruction.

« Chute d’un monument odieux, symbole du despotisme ».

Mais 5 jours plus tard, la Commune a disparu ! La nouvelle République vote aussitôt (le 22 mai !) la réparation de la colonne.
Vaste chantier qui attendra longtemps car le décret n’apparaît au Journal Officiel que le 5 mars 1875. C’est donc sous la IIIème République, sous la direction de Pinelli, avec l’architecte Lenormand et le maitre fondeur Charnod que les travaux de restauration démarrent.
Les ruines sont restées sur place pendant près de quatre ans et seulement 6 plaques auront été volées sur le chantier.

Et le 27 décembre 1875, la statue restaurée de l’Empereur est hissée au sommet de la colonne redressée, sous les yeux de Mac-Mahon, Président de la République mais surtout grand capitaine du Second Empire…

« Ah ! qu’on est fier d’être français
Quand on regarde la colonne ! »

À la Belle Époque, les grandes familles s’installent place Vendôme.
C’est avec l’ouverture de l’hôtel Ritz que les joailliers quittent le Palais-Royal, pour s’installer place Vendôme.

1992 : Classée Monument Historique